La morne plaine fut pour la Savoie le lieu d’une grande victoire. Célébrons donc aujourd'hui cet autre 18 juin dont Henri Dénarié rêvait de fêter le bicentenaire.

Les Français ont su combien être vaincu et occupé était chose douloureuse. Ainsi devraient-ils comprendre les souffrances que la Savoie supporta de 1792 à 1814. Et bien piger combien Waterloo fut ici une joie, comme 1945 pour tous les Européens. C’est que, de 1792 jusqu’au 18 brumaire, la Savoie connut un temps de férocité incroyable. Les innombrables exactions, dont les pillages par les biens nationaux qui servirent notamment à récompenser la cinquième colonne savoyarde, continuèrent ensuite durant le consulat et l’Empire – d’opérette.

Parmi tous les crimes réalisés par l’occupant français, le pire fut la conscription. Depuis Cyrius, la tradition relative aux peuples conquis était de les dominer stratégiquement en leur laissant leurs droits internes. Ce que firent le IIIè Reich sur la France et les USA sur le Japon et l’Allemagne. Mais il est vrai que les républicains ne conquièrent pas un territoire, ils le libèrent… Cela ne les empêcha pas de vider la Savoie de ses forces vives, car, en vingt-deux ans d’occupation, parmi une population de 483 000 individus, elle en perdit au total 56 000 : 36 000 dans la conscription et 20 000 dans la résistance et ses victimes civiles.

La délivrance en deux temps

N’oublions pas qu’à l’époque tous les royaumes et empires d’Europe se liguèrent contre les principes républicains, tandis qu’Edouard Burke et la franc-maçonnerie anglo-américaine désavouaient le jacobinisme. La délivrance, pour la Savoie, eut lieu en deux temps : d’abord par la torchée de 1814, puis avec la victoire de Waterloo. Après la libération de la Suisse par les troupes autrichiennes fin 1813, celles-ci vinrent libérer la Savoie. Aussitôt, le général de Sonnaz leva une armée de libération de cinq régiments. Dans le genre des FFI en 1944. En Savoie, ce fut une immense allégresse, bien qu’un professeur d’histoire de l’Académie florimontane nous conta l’invasion de la Savoie par les troupes autrichiennes en 1814. Tout comme Die Beobatcher Zeitung parlait d’invasion en première page, le 7 juin 1944, au sujet du débarquement allié en Normandie… Mais le 18 juin 1815, c’est bien une victoire pour la Savoie qui allait survenir à Waterloo, provoquant le départ définitif des troupes françaises qui avaient fait leur retour sur la moitié de notre territoire durant les cent jours. Elles firent d’ailleurs une dernière attaque contre les troupes austro-sardes dans la plaine de Gilly le 28 juin 1815, mais le maréchal Suchet sonna vite la retraite. Et pour tous les peuples d’Europe s’ouvrit une nouvelle ère de paix et d’espoir. Comme celle que nous eûmes après que le nazisme fut mis kaputt. Et oui, on ne vous l’avait peut-être pas dit, mais 1815, c’est comme 1945. Alors vive Waterloo !

Henri Dénarié

 

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